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Eric Lambé – éd. Frémok
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Éric Lambé, le fils du roi
5 mars 2013
5 mars 2013
- Le Fils du Roi d’Éric Lambé
- Ed. Frémok
Il y a une narration sans aucun doute, mais nous sommes dans une poésie visuelle, une expérience de sidération qui nous invite à un voyage dans les méandres affectifs d’un enfant dont le père lui glisse à l’oreille : "Tu sais que tu es le fils du Roi."
Que signifie cette phrase sibylline qui s’insinue dans la psyché et la peuple, comme dans un rêve, de créatures improbables à la Picasso, de grelots magrittiens ou encore de cette poupée gonflable, entre frustration sexuelle et envie de suicide ?
Né en Afrique, ayant vécu une jeunesse un peu éclatée entre Kinshasa et la Belgique, Éric Lambé est issu de l’Atelier R de Saint-Luc à Bruxelles, une école de bande dessinée fondée par Claude Renard et François Schuiten. Il y fait son apprentissage au contact de Pierre Pourbaix et de Marc Sevrin qui la dirigent alors. "Ma grande influence à ce moment-là, c’est Bazooka, le groupe de graphistes punks de l’époque, et Loustal, nous raconte Éric Lambé. Je faisais de la bande dessinée depuis l’âge de dix ans et quand je rencontre ces deux profs, ils sont assez proches de ce mouvement Underground qui commence à débarquer en Belgique. L’approche de l’image et de la narration par Bazooka leur parle absolument."
À Saint-Luc
- La revue Mokka (1990)
Au cours de son parcours à l’Atelier R, il se lie à Alain Corbel. ils sont pareillement intéressés par le travail de Lorenzo Mattotti et par celui des graphistes espagnols de la revue Madriz [1]. "Alain, qui était plus dans le concret que moi, raconte Lambé, imagine tout de suite qu’il faut créer une structure car il se rend bien compte que les éditeurs, à la fin des années 1980, ne vont jamais accepter notre travail."
Création de Mokka
C’est la revue Mokka qu’ils créent avec Denis Larue en sortant de l’école trois ans avant la génération Fréon de Thierry Van Hasselt et d’Olivier Deprez, touchés par le professeur de sémiologie Michel Ceder : "Il nous avait appris à lire une bande dessinée autrement. Il questionnait la bande dessinée de la même manière que l’on questionnait un tableau." Ils réalisent que la bande dessinée, ce n’est pas seulement raconter une histoire et la dessiner le mieux possible. Cela leur permet de l’aborder par d’autres chemins.
"Je ne me posais pas la question d’une bande dessinée expérimentale à ce moment-là. Je voulais me glisser dans une famille graphique qui était plus celle de la revue Raw, Gary Panter et ces choses-là qui étaient mes références, ou de celle de Mattotti. C’était une manière différente de voir le monde par la bande dessinée."
La première étape est de faire des expos, pour montrer leur travail. Ils s’associent pour ce faire avec les artistes sortis de la section d’illustration, avec des photographes, des écrivains... Tous se retrouvent dans Mokka, revue "séminale" (1990), renommé Pelure amère en 1992 avant de disparaître en 1994.
Mais bientôt, Alain Corbel part pour la France, puis le Portugal. Éric Lambé n’a pas l’énergie suffisante pour continuer à faire vivre le groupe. Deux ans plus tard, Corbel revient et décide de lancer une revue avec une direction bicéphale "sud" et "nord". Corbel à Lisbonne en est le réacteur en chef, tandis que Lambé en est le garant graphique. Le tirage est de 1000 exemplaires et la diffusion complètement artisanale. Grâce à Michel Ceder, Mokka expose au Musée des Beaux-Arts de Madrid.
- Éric Lambé dans la Galerie Martel en février 2013
- Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)
En 2001, il publie, sur un scénario de Philippe de Pierpont, Ophélie et les directeurs des ressources humaines, un ouvrage inspiré par l’écrivain portugais Pessoa, chez Fremok, fusion récente des labels bruxellois et parisien Fréon et Amok. Quelques temps plus tard, avec le même scénariste chez le même éditeur, il rend hommage à Alberto Giacometti avec Alberto G. (2003).
- Éric Lambé, le Fils du Roi - (c) Frémok
Bientôt, après un an de chômage, il devient prof à Saint-Luc, ce qui lui permet de bâtir son œuvre en toute quiétude. "Chez un éditeur comme Frémok, en comparant son expérience avec celle de Casterman, je peux espérer me trouver chez un éditeur avec qui j’aurai beaucoup plus de liens, qui va avoir envie de montrer mon travail, de m’emmener dans des festivals, que dans une maison d’édition où je serai une petite goutte dans leur catalogue." En 2001, il publie encore Joue avec moi chez Frémok. comme ce nouvel album, qu’il n’imagine pas publié ailleurs.
Le Fils du Roi
"Avec Le Fils du Roi, je fais un livre que j’ai envie de voir. C’est de la bande dessinée ; c’est séquentiel, il y a des cases, c’est édité chez un éditeur de bande dessinée, présenté comme un objet de bande dessinée, mais c’est autre chose aussi."
- Éric Lambé, le Fils du Roi - (c) Frémok
Rétif à la "propagande théorique", il se reconnaît dans ce que ses successeurs de Fréon appelleront "la bande dessinée de poésie" : "J’avais envie de pouvoir aller au fond de moi-même dans tous les sens, de produire des images brutes, mélancoliques, tristes, voire impolies, et d’avoir la liberté la plus grande au niveau narratif, donc pas de scénario. Je cherche à donner une lumière, un volume qui donne une image que je n’ai jamais vue. Dans cet univers, des événements et des personnages peuvent exister. Une fille et un garçon traversent des rues, se cherchent, sans jamais se croiser. À partir de cette image, je pouvais faire un livre, imaginer tous les jours des situations."
- Éric Lambé, le Fils du Roi - (c) Frémok
Ces dessins sont actuellement visibles à la galerie Martel jusqu’au 9 mars et, effectivement, la fascination est au rendez-vous.
Commander cet album chez Amazon ou à la FNAC
Eric Lambé à la Galerie Martel, jusqu’au 9 mars 2013.
17, Rue Martel
75010 Paris
Le site de la Galerie Martel
[1] En 1984, le conseil municipal de Madrid décida de soutenir la BD. Ce fut la création de la revue Madriz, figure de proue, en termes graphiques, de la Movida avec des artistes comme Federico del Barrio, Cava ou Raul,. Ce mouvement culturel de l’après-franquisme a connu une effervescence particulièrement remarquable au cours des années 1980.
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Photos © 2012 Fremok éditions
Bibiographie d’Eric Lambé :
1994 : Publication de son premier livre, Les jours ouvrables, éditions Amok.
2001 : Ophélie et les directeurs des ressources humaines, éditions Fréon
2004 : Illustrations du livre Le sac à mains, texte de Marie Desplechin, éditions Estuaire.
2005 : La pluie, texte de Philippe de Pierpont, éditions Casterman,Illustrations du livre La photo, texte de Marie Desplechin, éditions Estuaire.
2008 : Un voyage, texte de Philippe de Pierpont, éditions Futuropolis.
2012 : Le fils du roi
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Eric Lambé… Le petit prince du roman graphique
Publié le 27 janvier 2013 par Dezzig
J’avais perdu de vue Eric Lambé… 6 ouvrages en 16 ans ! Voilà un auteur de roman graphique qui se fait rare !
Ce professeur de bande dessinée bruxellois a participé à des ouvrages
collectifs, publiant dans des fanzines et revues belges tout en menant
parallèlement une carrière d’illustrateur (presse, publicité, éditions)
et dernièrement dans la Revue XXI.
Comme ses dessins, Eric Lambé est un
homme de l’ombre… Je l’ai rencontré en 2001 au Festival de la bande
dessinée à Angoulême à la sortie de son livre Ophélie et les directeurs des ressources humaines…
échanges d’adresses et quelques dédicaces plus tard… J’avais mis la
main sur un object graphique non identifié : ses dessins tout noir,
ombrés, crayon gras contre blanco faisaient echo aux gravures de
Rouault. Pire : l’inquiétante poésie de ses histoires vous attrape définitivement…
12 ans après, le voici enfin en pleine lumière (articles élogieux dans Libérations, Les Inrockuptibles et même Etapes graphiques). Et tous saluent l’exploit de son dernier livre Le fils du Roi
: un livre entièrement réalisé au bic noir et bleu sur du carton ! Un
défi un peu fou. Eric Lambé a mis 5 ans pour réaliser ce livre
« autistique ». C’est parce que (dit-il) « un jour mon père m’a glissé au creux de l’oreille : tu es le fils du roi”.
La page est complètement noircie (bleuie ?) et si les traits se relachent enfin… les formes apparaissent, le blanc éblouit soudain. Mais le style n’a pas changé… Les corps sont bruts, taillés dans la masse, sombres et vides comme 2 ronds blanc au milieu d’un visage… C’est juste beau !
La page est complètement noircie (bleuie ?) et si les traits se relachent enfin… les formes apparaissent, le blanc éblouit soudain. Mais le style n’a pas changé… Les corps sont bruts, taillés dans la masse, sombres et vides comme 2 ronds blanc au milieu d’un visage… C’est juste beau !
Photos © 2012 Fremok éditions
L’exigence d’Éric lambé se
poursuit jusqu’à l’impression de l’objet livre. Au format d’une pochette
de 33 tours, le livre est imprimé en 4 couleurs Pantone (teintes
directes). C’est selon l’éditeur Fremok, leur plus gros chantier en 2012. Je les crois volontiers, un ouvrage hors norme !
« Je ne pourrais pas imaginer que ce
travail ne soit pas un livre ; le livre en tant qu’objet est une
présence. J’ai dans ma bibliothèque pas mal de livres que je n’ai pas
complètement lu, que je n’ouvre pas souvent et pourtant je ne pourrais
pas m’en séparer. J’aime voir leurs dos et les savoir là. Il était donc
important que le travail de maquette et de production du livre soient
dans la complémentarité, la continuité du contenu. Le format est assez
proche des orignaux papier et la technique d’impression (quatre
pentones, deux bleus et deux noirs) est très fidèle à la manière dont
j’ai travaillé avec les bics bleus et noirs. Le livre devient l’oeuvre
originale pour le lecteur qui l’a entre les mains. » (Eric Lambé dans l’interview qu’il a donné sur le site des éditions Fremok)
Si vous êtes à Paris, ne manquez pas l’exposition d’Eric Lambé à la galerie Martel
( (17 rue Martel, 75010 Paris). Elle déjà connue pour ses expositions
de Crumb, Spiegelman, Swarte, Tomi Ungerer, Mattotti… Du beau monde !
C’est justement ici que vous pourrez admirer l’intégralité des planches
du livre jusqu’à à fin février.
Bibiographie d’Eric Lambé :
1994 : Publication de son premier livre, Les jours ouvrables, éditions Amok.
2001 : Ophélie et les directeurs des ressources humaines, éditions Fréon
2004 : Illustrations du livre Le sac à mains, texte de Marie Desplechin, éditions Estuaire.
2005 : La pluie, texte de Philippe de Pierpont, éditions Casterman,Illustrations du livre La photo, texte de Marie Desplechin, éditions Estuaire.
2008 : Un voyage, texte de Philippe de Pierpont, éditions Futuropolis.
2012 : Le fils du roi
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